L'épine de la fourchette - Sain Sabot

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De l’épine de la fourchette ou une approche nouvelle d’un vieux débat

Par KC LaPierre ©2009

(traduit par Xavier Méal, D.A.EP.)

 

 

 

 

 

Depuis que quelqu’un a décrété que la ferrure est un mal nécessaire, le débat fait rage sur ses effets sur le fonctionnement du pied.

Les partisans du pied nu pour le mieux être du cheval, prétendent que la ferrure ne permet pas l’expansion/contraction de l’arrière du pied, ce qui entrave le bon fonctionnement du pied (lire circulation sanguine), tandis que ceux qui rivent des fers proclament haut et fort que l’expansion/contraction n’est pas compromise, car les clous ne devrait jamais être plantés en arrière de la partie la plus large du sabot.

 

Plusieurs centaines d’articles, et même quelques rares publications scientifiques ont été produits pour soutenir la croyance que la ferrure peut être posée d’une façon qui n’inhibe pas l’expansion et la contraction.

Je vous propose dans cet article une autre approche, une autre vision du fonctionnement du pied qui devrait jeter un pavé dans la marre, pavé qui pourrait, et devrait, avoir pour conséquence un tsunami.

 

Expansion et contraction ne suffisent pas. « Presque toutes les récentes recherches sur le sujet des fonctions de la fourchette, des cartilages latéraux et du coussinet digital sont défectueuses. » Cette affirmation peut paraître osée, mais elle peut facilement être démontrée.

Durant la dernière décennie, de nombreux papiers ont été publiés sur la fonction du coussinet digital, et le rôle qu’il joue durant la foulée, et sa relation au fonctionnement général du pied.

Dans chacun de ces papiers, l’importance du contact de la fourchette avec le sol est mise en avant, ou pour le moins il y est fait référence. Mais dans toutes ces études, l’importance de la fonction anatomique de la fourchette n’est pas définie.

 

De quoi exactement est-ce que je veux parler ici ? De l’anatomie de la surface interne proximale de la fourchette (la surface en contact avec le coussinet digital) et de la structure désignée par le nom d’épine de la fourchette (arête de la fourchette ou arête-fourchette dans les anciens textes).

En tant que cavalier ou propriétaire de chevaux, vous êtes sans doute plus familier avec sa contrepartie visible, la lacune centrale, souvent perçue comme une crevasse profonde dans l’arrière du pied, au centre de la fourchette.

Les études que j’ai réalisées montrent que l’état de santé et de développement de l’épine de la fourchette est crucial pour la santé générale de la partie caudale (moitié arrière) du pied du cheval.

Les photos ci-dessous montrent une épine de la fourchette en bonne santé, et comment le

mouvement distal ou proximal (vers le bas ou vers le haut) des talons la fait bouger latéralement ou médialement, ce qui dirige les forces exercées vers le bas vers le glome et le cartilage appropriés.

Il résulte de cette action une répartition correcte des pressions et forces qui naissent à l’impact. Cette action permet encore que soient correctement dirigés les stimuli nécessaires à la croissance correcte des talons, barres, du coussinet digital et des cartilages latéraux.

Quand la distorsion de la boîte cornée est limitée à l’expansion/contraction, l’épine de la fourchette reste centrée et les forces créées par le mouvement vers le bas de l’ensemble P1+P2 (os du paturon et os la couronne) et du tendon fléchisseur profond du doigt ne peuvent être réparties à l’avantage du pied.

 

 

Plus simplement :

 

expansion et contraction ne suffisent pas, le pied doit pouvoir se distordre dans toutes les dimensions.

Simplement déferrer est un premier pas dans la bonne direction, mais la façon dont la fourchette est traitée durant le parage est également très importante. Une fourchette faible, en mauvais état, infectée, a pour conséquence une incapacité du pied à gérer les forces qu’il reçoit.

Une lacune centrale profonde est une lacune centrale malade, et est l’indicateur d’une épine faible, résultant directement d’un manque de stimulation correcte. Des pressions correctes sont le stimulus d’une croissance correcte ; ce n’est qu’en mettant en oeuvre ce principe que la fourchette, et son épine, pourront parvenir à un état et un développement corrects.

Il est désormais clair que simplement appliquer une pression sur la fourchette ne suffit pas pour parvenir au fonctionnement optimum du pied, ou à une fourchette correcte dans ce cas. Les matériaux d’impression dentaire, semelles triangulaires, et tout autre tentative d’appliquer une pression sur la fourchette d’un pied qui n’est capable que d’expansion et de contraction ne produira pas une croissance correcte de la fourchette.

Il nous faut savoir comment appliquer la quantité correcte de pression sur la fourchette et les talons, tout en permettant au pied de se distordre sur tous les plans, dans toutes les dimensions. La fourchette devient alors le véhicule qui distribue et répartit les énergies dans la moitié arrière du pied.

 

Il existe un protocole simple pour traiter une fourchette en mauvais état, et aider votre cheval à développer une épine de la fourchette forte. Cela implique de traiter toute infection qui pourrait se manifester dans la lacune centrale ; plus profonde est la lacune centrale, plus faible est l’épine de la fourchette.

Je suggère d’éradiquer l’infection avec un traitement non nécrosant (qui n’endommagera pas les tissus sains) ; soluté d’argent colloïdal en application topique, pâte ou crème contenant de l’oxyde de zinc, et les crèmes au PRP (plasma riche en plaquettes) ne sont que quelques-uns des produits que j’utilise.

La fourchette doit être parée de façon à enlever toute corne morte ou s’exfoliant, et de façon à ce qu’elle soit centré par rapport à l’axe longitudinal de la face solaire du pied. Il est mieux de parer en donnant un certain angle aux bords de la fourchette, en suivant son contour (ainsi que cela est décrit dans la méthode HPT) ; cela aide à la bonne répartition des pressions requises vers les structures sous-jacentes, qui génèreront en retour une bonne croissance de l’épine.

 

Il vous faudra ensuite faire faire de l’exercice à votre cheval, de façon à exposer ses pieds et ses fourchettes à un environnement adéquat ; la liberté au pré ou au paddock ne suffit pas. Faire marcher en main votre cheval sur des sols inégaux engendrera les distorsions des pieds requise afin de faire travailler l’épine de la fourchette.

Assurez-vous d’avoir bien évalué l’état et le développement de la fourchette, et l’état des pieds de votre cheval avant de vous lancer dans ces exercices, car un pied trop faible ne peut pas endurer des quantités excessives de distorsions.

Dans de tels cas, il vous faudra travailler doucement, en exposant le pied à moins de distorsions au début, puis en augmentant le travail au fur et à mesure du (re)développement de la fourchette, de son épine, pour obtenir la stabilisation de la partie caudale (arrière) du pied.

 

 

Voilà :

 

les seules expansions et contractions ne suffisent pas et l’argument selon lequel la ferrure conventionnelle, quand elle est posée correctement, permet l’expansion/contraction, n’est plus un argument valide.

Le fonctionnement du pied du cheval est complexe, et la tendance actuelle à la “complaisance vis-à-vis de la simplicité” ne peut plus être tolérée, en tous cas pas si notre intention est de servir au mieux le cheval d’aujourd’hui.

Pour fonctionner véritablement et pleinement, le pied du cheval a besoin de la distorsion multi-dimensionnelle, pas simplement de l’expansion et de la contraction. L’argument selon lequel la ferrure conventionnelle, les matériaux d’impression dentaire, les semelles de fourchette, ou la cohorte d’autres « trucs » développés dans la logique de telles croyances, agissent en faveur du bon fonctionnement du pied, n’est plus valide – selon moi.

Extrait de la Newsletter de l’IAEP n° 3 – mars 2001 :

 

Vous avez entendu dire que le cheval a cinq coeurs? Beaucoup considèrent la fourchette comme une pompe, par conséquent, ils disent que le cheval a cinq coeurs. Nos recherches indiquent que le but premier de la fourchette n’est pas de pomper le sang, mais plutôt d’aider à diriger les énergies auxquelles la moitié arrière du pied (partie caudale) est soumise.

Lorsque vous observez la fourchette, vous voyez qu’elle est de forme triangulaire. Vous êtes vous déjà interrogé sur le pourquoi de cette forme ?

Si elle était vraiment destinée à être une pompe, pourquoi n’est elle pas en forme de coussin comme sur le pied du chien et ne remplit-elle pas toute la sole du sabot ? Elle a cette forme de triangle pour d’autres raisons, en partie pour aider à la traction.

 

La forme en V permet de ralentir le pied lors de l’impact. Le V sert toutefois à un rôle plus important : il permet aux talons d’un même pied de bouger indépendamment l’un de l’autre.

Ce mouvement contribue à réduire le couple (torsion) sur la troisième phalange. Voyez vous, tout l’arrière du pied possède des fondations en cartilage, alors que l’avant du pied repose sur une fondation en os.

C’est là que les choses deviennent intéressantes. Les cartilages ne reçoivent pas leur nutrition directement des vaisseaux sanguins qui les traversent, ils l’obtiennent par la

pression directe sur les tissus environnants.

 

Et d’où vient cette pression ? de la fourchette n’est-ce pas ? Pas directement. La fourchette a une conformation unique que la médecine vétérinaire conventionnelle ne prend pas en compte.

A l’intérieur de la fourchette, à l’intérieur du pied, existe une structure appelée «l’épine de la fourchette ». L’épine de la fourchette a une fonction importante, elle est chargée de diriger l’énergie (pression) vers le bon glome (cartilage latéral) lors de l’impact et pendant la foulée.

Elle se déplace littéralement d’un côté à l’autre à l’intérieur de la partie arrière du pied de votre cheval, à condition que le pied puisse se déformer (c’est-à-dire s’il n’est pas ferré).

Ce mouvement dirige les pressions pour aider au développement correct du cartilage, la fondation de la partie caudale du pied !

Quelque que soit l’augmentation de la circulation sanguine, si l’épine de la fourchette ne peut pas fonctionner correctement, la conformation de la partie caudale (la moitié arrière) du pied en souffrira.

 

 

Voulez vous avoir un pied sain sous votre cheval? Aidez-le à constituer ou reconstituer une bonne épine de la fourchette : traitez les infections de la lacune centrale, et incorporez dans votre programme des exercices légers permettant une distorsion du pied, cela aidera au développement de cartilages sains. Ne faites jamais travailler un cheval au-delà de sa note sur le Spectrum of Usability.

Pour plus d’informations sur le Spectrum of Usability et les fonctions de la fourchette, envisagez de participer à un cours de Podologie équine appliquée.